Implantations d’éoliennes dans l’Arc jurassien

Récemment Juvent SA, filiale des BKW, a fêté les 20 ans du parc éolien de Mont-Soleil. Nous nous souvenons des petites éoliennes qui jalonnaient les hauteurs des Breuleux et nous en étions fiers. Elles passaient bien dans le paysage boisé. En 20 ans, le côté bucolique des éoliennes a fait place à des monstres industriels qui modifient complètement le paysage du Mont-Soleil. Populations et autorités du Vallon de Saint-Imier peuvent se réjouir, elles ne sont pas confrontées aux problèmes que posent les éoliennes. Il en est de même à Tramelan où les nuisances pèseront sur les habitants de la montagne et des Genevez. Six mois par année, lors de frimas, les éoliennes constituent un danger pour les personnes qui se promènent dans les parcs éoliens. Nous savons de quoi nous parlons…

D’autres machines à vent siègent depuis lors sur les hauteurs des Franches-Montagnes. Les deux éoliennes de Saint-Brais apportent une carte d’entrée répugnante à la région ; de plus elles sont situées à quelques encablures des habitations et engendrent des nuisances irréfutables à la population. Première tentative que même les pro-éoliens considèrent comme une erreur majeure en matière de développement éolien. Quant aux trois machines du Peuchapatte, elles constituent une atteinte majeure aux paysages francs-montagnards, à la qualité de vie de centaines d’habitants avec des installations de 140 m de haut. De plus les procédures d’alors ont été particulièrement troubles.

Quelles leçons tirées de ces trois expériences inédites en Suisse ?
Admettons, dans un premier temps, que l’éolien peut apporter une contribution aléatoire à la production d’électricité ; cependant les méthodes qui ont permis d’ériger une vingtaine de machines varient singulièrement. A Mont-Soleil, il y a eu négociations entre les promoteurs et les habitants. Dans le Jura c’est en catimini que les 5 éoliennes ont été implantées. Avec l’opposition qui s’est mise en place depuis 2010, les instances gouvernementales devraient saisir le message fort qui a été exprimé par de larges franges de la population. Aux Franches-Montagnes, à Bourrignon, à Fahy, à Grandfontaine, en Haute-Ajoie, à Alle, à Bure, le corps électoral a démocratiquement dit non à l’implantation d’éoliennes. Ici, on s’approprie, pour justifier l’installation de machines industrielles, une distance qui était valable pour les éoliennes de 70 mètres, comme il y a 20 ans.

Ensuite, si l’on parle d’approvisionnement énergétique, en Suisse et en Europe, l’Agence internationale pour l’énergie (AIE) admet qu’il y aura trop d’électricité jusqu’en 2035. La politique allemande en termes de production électrique exerce une pression à la baisse sur les prix, notamment avec les centrales au charbon. Les subventions de tous les Etats en faveur des énergies renouvelables enflamment cette tendance. Nous en arrivons, en Suisse, à la non-rentabilité des barrages hydrauliques qui sont à brader ! Autre aberration : tout le monde ou presque est conscient du fait qu’il faudrait économiser l’énergie, mais toutes les impulsions vont à contresens… Ne faudrait-il pas attendre et réfléchir avant d’agir et de se lancer dans des projets pharaoniques qui ne correspondent à aucune demande ?

Finalement, les précédentes autorités jurassiennes ont ouvert les portes à des promoteurs qui ont abusé de la confiance des populations concernées. Des entreprises ont ouvert leur portemonnaie pour « graisser » la main de communes, de propriétaires, d’associations. Les Services industriels de Genève (SIG) n’ont pas lésiné à dépenser 70 millions pour produire 0 kWh en énergie éolienne. Ils ont dû racheter les pots cassés causés par RenInvest et Ennova.

Lors du 20ème anniversaire de la création du parc éolien de Mont-Soleil, il a été relevé que le tourisme avait été « bousté » par l’ouverture des installations en énergies renouvelables photovoltaïque et éolienne. A notre connaissance et pour cause, il y a 25 ans, la région du Mont-Soleil comptait pas moins de 5 hôtels-restaurants qui marchaient bien. A ce jour, il en reste un qui vivote. Les soi-disant milliers de visiteurs n’ont créé aucun apport substantiel à l’économie touristique régional. Qu’on le sache une fois pour toutes !

En conclusion, nous avons lu, dans un éditorial du « Journal du Jura », que les opposants aux éoliennes étaient des « enfants gâtés ». Nous pouvons considérer cette accusation comme un compliment : nous sommes fiers d’être gâtés par la qualité et la richesse de nos paysages, et par la qualité de vie dans notre région. Mieux, nous sommes à même de témoigner des nuisances que causent les éoliennes sur la vie quotidienne de leurs voisins. Avec la nouvelle génération de machines industrielles avec des mâts de 200 m, la réflexion doit porter sur une application des principes adoptés en Europe et dans le monde : pas d’éoliennes à moins de 10 fois leur hauteur !

Jean-Daniel Tschan
Député
2340 Le Noirmont

 

@ Crédit Photos Suisse-Eole.ch

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