Les Franches – Montagnes, région propice aux éoliennes ?

Le débat sur l’implantation d’éoliennes bat son plein dans le Jura car personne n’est indifférent aux problèmes liés, d’une part, à l’approvisionnement énergétique en général et, d’autre part, aux modifications des paysages.

Actuellement les esprits s’échaudent sur l’implantation à grande échelle d’éoliennes sur les reliefs jurassiens situés derrière l’imposante première crête de la chaîne du Jura de Genève à Schaffouse qui, par volonté du Conseil fédéral, a été placée en zone protégée pour la « préservation des paysages ».

Le contexte actuel du débat porte principalement sur l’alternative « oui ou non aux éoliennes ». Pour comprendre le problème plus général, il est utile de connaître quelques données sur l’état actuel de l’énergie électrique en Suisse, l’évolution de la consommation et de la production, pour les prochaines décennies.

Quelques chiffres

S’agissant tout d’abord de la consommation d’électricité en Suisse, elle était de 46.6 TWh en 1990 et de 58.7 TWh en 2008, soit une augmentation de 25%. Les prévisions indiquent un accroissement de 15% jusqu’en 2020, indépendamment des mesures d’économie entreprises tant par l’industrie que les privés, et sans parler de l’augmentation dissuasive du prix de l’électricité. Les raisons paraissent évidentes : poussée démographique, postes de travail consommateurs d’électricité, mobilité croissante et consommation des ménages. Actuellement l’énergie électrique est fournie à raison de 41% de nucléaire, 54% des énergies renouvelables et 5% d’autres sources.

Pour faire face à l’augmentation des besoins en énergie électrique, le Conseil fédéral a édicté un plan pour les 30 prochaines années avec un investissement de 30 milliards de francs pour produire 30 milliards de KWh. Ce programme prévoit la construction de 2 nouvelles centrales nucléaires, l’amélioration de la production hydroélectrique et le développement des énergies propres (biomasse, éoliennes et photovoltaïque). Jusqu’en 2030 ces énergies nouvelles devraient couvrir entre 7 et 10% de la production d’électricité en Suisse. En d’autres termes le Conseil fédéral mise clairement sur le nucléaire. En conséquence l’énergie produite par les éoliennes ne contribuera que de manière confidentielle à l’approvisionnement des consommateurs suisses.

Et le vent ?

Un autre point mérite une attention particulière dont on parle insidieusement très peu ; il s’agit de savoir si les reliefs de l’intérieur de la chaîne du Jura constituent une région propice à l’implantation d’éoliennes. A cet effet rappelons, et c’est un euphémisme, que les régions jurassiennes choisies ne ressemblent en rien aux zones côtières du nord de l’Allemagne, du Danemark ou d’Espagne, où les vents soufflent à une vitesse moyenne annuelle de 8 à 10 mètres par seconde (m/s). A Chasseral, par exemple, on mesure des pointes de 6.5 m/s, à Fahy la moyenne se situe entre 1.6 et 3.3 m/s et à La Chaux-de-Fonds entre 3.4 et 5.4 m/s. Si l’on sait qu’une vitesse double du vent multiplie la production d’électricité par huit, nous constatons que, à investissement égal, les éoliennes de notre région ne sont pas vouées a priori à un apport significatif en énergie électrique.

Tout cela pour quelques dollars de plus ?

Au terme de l’exposé, nous devons admettre que l’implantation d’éoliennes dans le Jura ne sera jamais qu’une pâle contribution à la production d’électricité en Suisse. Dès lors nous pouvons légitimement nous demander pourquoi nous sommes confrontés à une effervescence arrogante des électriciens de l’Association suisse des électriciens (ASE) pour imposer des éoliennes à une région splendide, aux paysages naturels encore préservés. Nous pouvons comprendre que, avant d’entamer de sérieuses discussions sur la construction de deux nouvelles centrales nucléaires en Suisse, les représentants de l’ASE veulent démontrer une volonté certaine de développer les énergies renouvelables et ainsi mieux faire avaler l’amère pilule du nucléaire à la population. Par contre nous éprouvons de la peine à saisir la cupidité de propriétaires terriens avides de profits alléchants, prêts à sacrifier des paysages naturels entiers pour quelques KWh… et surtout pour quelques dizaines de milliers de francs de plus !

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