Canton du Jura, où vas-tu ?

En octobre 2022, le gouvernement jurassien a présenté un budget déficitaire à hauteur de 5.7 millions. Le 27 octobre la direction de BAT, British American Tobacco, annonçait la fermeture de son site de Boncourt. Le 9 janvier 2023, la Banque nationale suisse (BNS), avec 132 milliards de francs suisses de perte, faisait part de son intention de ne pas verser de dividendes à la Confédération et aux cantons. Pour le canton du Jura, il s’agit de 22.8 millions de manque à gagner, prévus au budget.

Ainsi donc, en ce début d’année, les perspectives pour le canton ne sont pas réjouissantes. Pourtant des signes précurseurs avaient été lancés, qui permettaient de projeter les difficultés actuelles. Par exemple la baisse des impôts des personnes morales était un objet de réflexion au sein des instances budgétaires ; de même la situation financière de la BNS laissait augurer l’absence de dividendes en 2023. Pour le cas de BAT, nous savions depuis des décennies que l’avenir de l’ancienne Burrus était compromis. La vente et le transfert à Lausanne de l’administration en 1996 indiquait clairement que la fin de la production de cigarettes à Boncourt était proche.

Avec ces trois décisions il est temps que les autorités du Jura, parlementaires et exécutives en particulier, se posent des questions cruciales sur la position socio-économique du canton.

Les dernières statistiques du Département fédéral de l’économie sur le chômage en décembre 2022 indiquait que le taux de chômage en Suisse était de 2.2%. Dans le canton du Jura, ex-aequo avec Genève en ultime position, il était de 3.7%. Il s’agit, certes, d’un indicateur, mais c’est aussi le révélateur d’un malaise inquiétant. Soyons plus précis !

 

Et la Transjurane ?

Tous les cantons suisses qui ont pris possession d’autoroutes fédérales ont vécu un déploiement économique d’envergure. Il n’y a pas que la Gruyère dans ce cas, en Suisse orientale les cas abondent. L’ouverture, en 1998, de la Transjurane n’a par contre pas apporté d’émulation significative sur le développement économique du Jura. Quelques succursales de Swatch Group et de Sonceboz SA attirent force frontaliers à Boncourt, mais pas de savoir-faire significatif, pas de nouvelles entreprises créatrices, pas de richesse ! 

Aujourd’hui, alors que la situation économique du canton suscite moultes inquiétudes, il s’agit de se poser les bonnes questions. L’une d’elle est fondamentale : le canton du Jura a-t-il fait le bon choix en choisissant de se joindre à la Basel Area Business & Innovation ? Cette agence à but non lucratif est chargée depuis 2016 de soutenir les startups et autres entreprises innovantes dans les cantons de Bâle-Ville, Bâle-Campagne et Jura. 

 

Le Jura et les deux Bâle…

Deux questions, entre autres, méritent une attention particulière :

-le canton du Jura a-t-il bien fait de prendre corps avec les antennes bâloises du développement économique ?

Pour notre part, nous constatons que le Jura est « loin » des deux Bâle, tant sur le plan linguistique  qu’industriel. Laissons de côté la langue ! Les demi-cantons bâlois sont orientés sur la chimie et la production pharmaceutique, pas le Jura. Le mariage est compliqué, les Jurassiens.nes sont nés.es dans la production technique, dans la fabrication de machines. 

-après 6 ans d’existence, les résultats obtenus par l’agence Basel Area sont-ils conformes aux attentes des autorités jurassiennes ?

À lire les statistiques 2021 de Basel Area, la promotion économique du Jura a soutenu 8 nouvelles entreprises, dont trois étrangères, qui ont créé une trentaine d’emplois. Ä notre avis ces chiffres signifient une inefficacité explicite du fonctionnement de la promotion économique du canton du Jura.

 

Remise en question

En conclusion il importe que les organismes économiques et les autorités politiques du canton du Jura réfléchissent à un nouveau concept de développement axé sur le savoir-faire des Jurasiens-nes. La mise en valeur des facilités au niveau des transports avec la Transjurane est un argument de poids. De plus le Jura est à 2 h 15 de Paris en TGV, et la Gare de Méroux est à 15 minutes de la frontière… Cessons de se focaliser sur Bâle, l’avenir économique du canton du Jura est du côté de la Suisse romande et en France.

 

Jean-Daniel Tschan

Ancien député 

Le Noirmont   

 

Le 24.01.2023

 

  

Partager l'article sur

Répondre